Ils ont chaud, alors ils ouvrent les bouches à incendie, qui servent normalement à nos valeureux pompiers. N’ayant aucun sens du bien commun, les racailles de nos banlieues partent du principe que tout leur est dû. D’ailleurs, des décennies de laxisme socialiste ont quasiment tout autorisé en matière de délits plus ou moins mineurs.
Pendant qu’une énième canicule s’abat sur la France, on voit partout exploser ces bouchons qui délivrent des trombes d’eau. Pourtant, les piscines et plans d’eau existent. Mais il faut dire la vérité : ils sont saturés. Cela n’excuse pas les exactions, mais cela explique cette « pression » sur l’eau que la France rencontre chaque année.
C’est le clip de Véolia destiné à sensibiliser la population qui ouvre les bouches à incendie pour se rafraîchir. Une perte « sèche » qui au final va être facturée aux habitants. La France râle : regardez ces racailles qui gaspillent la flotte nationale, des millions de mètres cubes partent en fumée (ou plutôt en évaporation) ! Une réaction épidermique pour un événement somme toute superficiel, mais qui cache un problème de fond : la France manque cruellement de piscines.
La piscine est l’équipement sportif qui est tout à la fois le plus fréquenté et celui le plus souvent cité comme équipement demandé par la population : 41% des français qui estiment que le nombre d’installations sportives près de chez eux est insuffisant souhaitent la construction d’une piscine. (Rapport de la Fédération française de natation)
La France possède 4 000 piscines pour 6 500 bassins environ, certaines piscines comprenant le bassin des petits (la pataugeoire), l’aquagym pour les femmes, les couloirs pour nageurs, le bassin à toboggan et la fosse à plongeurs. Mais ça, c’est le haut du panier, et c’est souvent privé. La piscine municipale française est une vieille fosse de 25 mètres, peu profonde, surveillée par des maîtres nageurs fatigués qui se désintéressent de leur métier sauf si on leur achète des cours hors de prix. Et surtout, malgré l’adjonction de chlore, les piscines surchargées sont sales. Une statistique donne même le nombre de litres d’urine par bassin : 75.
Ces 4 000 établissements accueillent malgré tout 3 types de publics : les scolaires, les associations et le grand public, dont font partie ces jeunes qui ont envie de s’éclater. Et c’est là que le bât blesse. Les piscines ne sont pas équipées pour recevoir 700 ados d’un coup un week-end ensoleillé ou caniculaire de juin (c’est le cas de la piscine d’Aubervilliers dans le 93, où des nuées enfants sont lâchées le matin par leurs parents pour toute la journée...). Alors on fait ce qu’on peut : on casse les bouches à incendie, on achète des piscines gonflables à 50 euros chez Carrefour, et on se fait son bassin dans la rue.
Le problème est exactement le même, à un degré moindre parce que c’est le sport national, avec les terrains de foot. La France manque de stades, et ceux qui veulent jouer en liberté doivent parfois partager un terrain avec 4 ou 6 équipes. D’où l’apparition de matches sur demi-terrains, en sixte, avec des cages moins grandes. Le parc aquatique français est vieux, et sa rénovation ne comblera pas le déficit numérique, qui vient de loin.
Quand les Français ont commencé à construire de la piscine municipale, du type opération « 1000 piscines » dans les années 60, les Allemands et les Anglais en possédaient déjà des milliers ! Or la durée de vie d’une piscine est de 30 ans, alors imaginez le niveau technique et hygiénique de la plupart des piscines en 2017… De plus, et tout le monde le sait, ces équipements sont mal répartis sur le sol national : les coins à jeunes qui en auraient besoin n’en ont quasiment pas ! Les cités ? Zéro piscine. Même pas un bassin naturel, rien. Et quand il y en a un, c’est évidemment l’assaut (Torcy dans le 77). Tout ne doit pas être mis uniquement sur le dos des racailles.
La solution trouvée à cette pression ou à cette violence qui effraye les familles est la hausse des tarifs d’entrée et le développement des « aqualand » et autres « centres nautiques » commerciaux, c’est-à-dire privés (Conflans dans le 78).
La piscine du Rhône à Lyon est la plus chère de France, 8 euros l’entrée. C’est la piscine « privée de racailles », comme disent les Lyonnais. À Paris, pourtant, il est possible, avec la carte de résident, de s’abonner à la quarantaine de piscines municipales (38 en fait), et de choisir ses heures et ses jours pour nager en toute tranquillité. Mais au moindre rayon de soleil (les Français nagent peu en hiver ou par mauvais temps, même dans les piscines couvertes, qui forment 55% de l’ensemble), tout est saturé. Il faut sagement attendre son tour, debout dans la piscine de la Butte aux Cailles (13e), sur son rang de nage, l’eau n’arrivant pas jusqu’aux cuisses au départ des 25 mètres… Grotesque image du sport. Et pourtant, on a une des natations de haut niveau les plus prolifiques en médailles au monde. L’équipe de France cartonne, ce qui veut dire qu’en bas de la pyramide, le plan de mettre les petits Français à l’eau a globalement fonctionné.
L’explosion des bouches d’incendie dans les banlieues vient du fait que l’explosion démographique dans les espaces périurbains, comme disent les sociologues, n’a pas été suivie par la construction d’installations nouvelles. Les villes de banlieue étant pauvres… cercle vicieux qui mène chaque été aux débordements que l’on sait. Le Nord-Pas-de-Calais et l’Île-de-France sont les deux régions les moins bien dotées en bassins par rapport au nombre d’habitants : 4 à 5 piscines pour 100 000 habitants, contre 17 en Midi-Pyrénées ! Le milieu rural est mieux doté que les conurbations. Et nos campagnes continuent à se vider dans nos grandes villes…
- Un petit village chic qui compte des dizaines de piscines (privées)
Pas étonnant que les Français qui le peuvent se fassent construire une piscine dans leur jardin, ou achètent une piscine hors sol un peu solide. C’est chacun pour soi, et tant pis pour les autres. Dans le Lubéron, des piscines municipales ont dû fermer parce que toutes les villas (de Parisiens) possédaient leur piscine. L’entretien du bassin par la municipalité n’était plus rentable. La solution, c’est de semi-privatiser les piscines avec des associations qui achètent à l’année un droit de jouissance hydraulique, si l’on peut dire. Là aussi, s’opère une sélection sociale brutale : il faut payer 300 à 400 euros à l’année pour bénéficier d’un créneau sûr d’une heure par semaine, tout compris : entrée, déshabillage, nage, douche, rhabillage, tout en sortant de l’eau 15mn avant terme. Et ça sans droit de nager pendant les vacances scolaires. Ce qui fait monter l’entrée simple à plus de 12 euros…
Un système qui a donné lieu à quelque échauffourées médiatiques lorsque des musulmanes ont voulu réserver un créneau pour elles seules. Alors que ces associations privatives existent partout. Elles correspondent seulement à 5% des nageurs mais grignotent les créneaux horaires, déjà limités par les cours de natation aux scolaires.
Alors, quelles solutions ? Pour ceux qui habitent dans les banlieues (de Paris, de Toulouse), il faudra continuer à s’arroser avec ce qu’on trouve : tuyau, bassine. C’est en plus à l’approche de l’été que des fermetures techniques ont lieu, le personnel n’ayant plus à charge les enfants des écoles… Tout ça ajouté à la vétusté générale, avec ces consignes de gare où l’on peut à peine fourrer une paire de sandales… Piteux état de ce sport populaire, on se demande encore comment on a pu produire des Laure Manaudou et autres Alain Bernard.
Devant tous ces problèmes structurels, le ministère des Sports multiplie les « plans pour apprendre à nager ». Des cohortes d’élèves quittent leur école pour aller à la piscine municipale. Sur 2 heures, il reste à peine 40 minutes dans l’eau, avec des maîtres nageurs pas toujours très patients avec les enfants, voire méprisants.
Dernière solution étatique en date (2013), c’est le bassin itinérant. Aller là où les piscines manquent. Si tu ne peux pas aller à la piscine, la piscine viendra à toi. Il s’agit de bassins de 8 mètres sur 2, et de moins d’1m60 de profondeur, qui peuvent être posés n’importe où. Cependant, l’histoire rappelle que cette « solution » a déjà été expérimentée dans les années 70, et rapidement abandonnée.
Devant ces échecs répétés et la répétition des problèmes à l’approche de l’été, on comprend mieux pourquoi les Français vont nager en eau libre, partout où ils le peuvent. Et parfois sans prendre conscience du danger. Car nager en eau libre, c’est nager sans surveillance, sans limites (les bassins naturels ne s’arrêtent pas à 25 mètres), avec parfois du courant et des températures plus basses. Le tout augmentant le risque pour les nageurs non expérimentés. C’est là qu’ont lieu l’écrasante majorité des noyades. Heureusement, commencent à naître des bassins naturels à cheval entre la piscine et l’étang.
En conclusion, ce sont les familles aisées qui peuvent profiter des nouvelles installations de loisirs, ces parcs à thème aquatique qui coûtent 50 euros pour une petite famille, ce que les pauvres ne peuvent s’offrir. La piscine municipale, subventionnée, est incapable d’absorber le trop-plein de la demande. Les régions aménagent des bassins naturels (Miribel-Jonage dans le Rhône), qui permettent à des centaines, voire des milliers de personnes de prendre un bain. Mais là aussi, en cas de beau temps, cela peut virer à la surpopulation (le parc des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne dans le 92 ou les étangs de Cergy-Pontoise dans le 95). La France regorge d’étangs et de lacs, qui ne sont pas forcément placés aux bons endroits !
Prochainement sur E&R : nager en eau libre. Une activité sportive ou ludique qui présente de considérables avantages : on évite les piscines surchargées, on ne paye rien, le panorama peut être grandiose, et au prix de quelques mesures de sécurité, les bienfaits pour la santé sont inégalables !